Discours de Franck Droin

Mesdames et Messieurs,

Le jeu d’échecs est avant tout un jeu de société, un jeu qui réunit, qui crée du lien et qui transcende les générations. Comme le bridge, le go ou encore les dames, il fait partie de ces jeux de l’esprit qui allient stratégie, réflexion et plaisir du partage. Mais le jeu d’échecs a aussi cette singularité d’être universel, joué sur tous les continents, par des millions de personnes, de tout âge et de toute origine.

Mais au-delà du plaisir de jouer, le jeu d’échecs est un formidable outil de cohésion sociale, d’inclusion et de développement personnel. Il donne à chacun, quelle que soit son histoire, les clés de la réflexion, de la résilience et de la réussite.

Un impact chiffré, un levier d’inclusion sociale

Les chiffres sont sans appel : 600 millions de joueurs pratiquent le jeu d’échecs dans le monde, en France, plus de 5 millions de personnes jouent régulièrement, chaque jour, plus d’un million de joueurs se connectent sur Chess.com, la plus grande plateforme de jeu d’échecs en ligne.

Au-delà de la passion, le jeu d’échecs est un outil puissant pour l’inclusion. :

  • Chez les jeunes en difficulté, une étude menée en Seine-Saint-Denis montre que 70% des élèves en échec scolaire regagnent en confiance après seulement six mois de pratique encadrée.
  • Chez les personnes en situation de handicap, nous avons démontré, à travers l’initiative Handiprof’Chess, qu’il est possible d’aller encore plus loin. Six personnes lourdement handicapées ont obtenu un diplôme d’animateur de jeu d’échecs agréé par la Fédération Française du Jeu d’Échecs, leur ouvrant ainsi des perspectives professionnelles.

Et que dire des personnes atteintes d’un cancer, qui, en plein traitement, retrouvent concentration et résilience à travers le programme Queens Rise ? Parce que lutter contre le “Chimio Brain”, ce brouillard cognitif lié aux traitements, c’est aussi leur permettre de ne pas être réduites à leur maladie, de rester acteurs de leur avenir.

Les six terrains d’engagement de la Fondation « L’Échiquier pour la Vie »

  • L’inclusion sociale des jeunes – Parce que le jeu d’échecs est un formidable levier d’égalité des chances, notamment pour les jeunes issus de milieux défavorisés.
  • Le handicap – sous toutes ses formes, physique, mental, vusuel, auditif. Avec des soutiens forts et je remercie sur ce sujet Optical Center et son président Laurent Levy.
  • L’autisme – En continuité avec les actions initiées ces dernières années pour montrer l’impact du jeu d’échecs sur le développement cognitif et social des personnes atteintes par des troubles du spectre autistique.
  • Le cancer – pour les personnes atteintes de cancer à retrouver concentration et résilience pendant et après leurs traitements, tout en travaillant à prévenir l’exclusion professionnelle de celles qui doivent concilier leur maladie avec leur carrière ET pour les enfants atteints de cancer, leur offrant un espace ludique et stimulant pour mieux vivre leur hospitalisation et renforcer leur résilience.
  • Les aidants – Un engagement fondamental pour accompagner ceux qui consacrent leur énergie à un proche malade ou en situation de dépendance. Cela concerne à la fois les jeunes aidants, souvent invisibles mais confrontés à de lourdes responsabilités, et les aidants salariés, qui doivent jongler entre leur engagement professionnel et leur rôle auprès d’un proche.
  • La prévention du vieillissement cognitif – Parce que jouer stimule la mémoire et aide à ralentir certaines formes de dégénérescence.

Un engagement qui dépasse nos frontières

Si ces actions ont un impact en France, elles ont également une portée internationale. C’est un honneur pour nous d’accueillir aujourd’hui Zurab Azmaiparashvili, président de l’European Chess Union (ECU), qui partage cette ambition de faire du jeu d’échecs un levier de transformation sociale à l’échelle du continent. Depuis des années, nous avons contribué à faire rayonner la France sur la scène mondiale, en portant haut et fort nos valeurs d’inclusion et d’engagement.

Une expérience personnelle, un engagement de toute une vie

Le jeu d’échecs a été un formidable outil d’épanouissement social pour moi. Grandissant dans un milieu très modeste, ce jeu m’a ouvert des portes insoupçonnées. Il m’a permis de rencontrer des personnes venues d’horizons très différents, de partager avec des joueurs de tous âges et de toutes conditions, et de m’intégrer dans des cercles où seule la réflexion comptait, sans distinction d’origine ou de statut.

C’est dans cet esprit que j’ai créé en 1988 Lille aux Échecs, alors que j’étais élève ingénieur. L’événement s’est tenu dans le métro de Lille, pour aller au plus près des citoyens. Et à cette occasion, j’ai eu le privilège d’accueillir Boris Spassky, champion du monde, qui avait eu la générosité de venir soutenir cette action sociale.

Son charisme, son humour et son humanité ont marqué les esprits et ont inspiré tant de joueurs à travers le monde. Sa disparition, il y a deux semaines, est une immense perte pour la communauté du jeu d’échecs. Mais son héritage restera vivant, non seulement dans l’histoire du jeu d’échecs, mais aussi dans le cœur de ceux qui, comme moi, ont eu la chance de croiser son chemin.

C’est avec émotion que je tiens à lui rendre hommage aujourd’hui.

Une vision partagée, un trio engagé

Si nous avons pu structurer cet engagement au sein de la Fondation « L’Échiquier pour la Vie », c’est aussi grâce à une équipe exceptionnelle.

Avec Xavier Perret et Jean-François Tripodi, nous formons un trio de dirigeants engagés et bénévoles, qui avons à cœur de mobiliser entreprises et institutions pour faire du jeu d’échecs un outil au service du bien commun. Je tiens aussi à remercier l’ensemble du COMEX, qui œuvre avec passion et détermination à nos côtés.

Un engagement partagé avec FACE

C’est aussi cette vision qui nous a conduits à rejoindre la communauté FACE, un réseau d’entreprises et de fondations engagées pour une société plus inclusive.

Rejoindre FACE, c’est s’ancrer dans une dynamique d’engagement concret et structuré des entreprises pour le bien commun.C’est aussi bénéficier de l’expertise et du savoir-faire exceptionnels d’une équipe dédiée, animée par le très inspirant Jean Castex, dont l’engagement pour l’innovation sociale est une véritable source de motivation pour nous tous.

Nous avons également le plaisir et la satisfaction de collaborer au quotidien avec une équipe opérationnelle engagée et efficace. Agathe Hennion, qui pilote avec talent le pôle des fondations abritées, joue un rôle essentiel pour structurer et accompagner nos actions. Et nous avons aussi la chance de pouvoir compter sur Timothée Delacote, délégué général de FACE, qui insuffle une vision forte et structurante à l’ensemble du réseau.

Nous sommes fiers de faire partie de cette communauté et convaincus que, ensemble, nous pourrons porter encore plus haut nos ambitions pour l’inclusion et la solidarité.

Un peu d’humour pour souffler…

Comme le disait si bien Michel Audiard , « Heureux soient les fêlés, car ils laisseront passer la lumière. » Cette phrase résume bien l’ambition forte, peut-être un peu folle, de notre Fondation. Nous croyons que, par le jeu d’échecs, nous pouvons apporter une lumière nouvelle dans la vie de nombreuses personnes, en leur offrant un espace de réflexion, d’apprentissage et de lien social.

Notre engagement pour demain

À travers la Fondation « L’Échiquier pour la Vie », nous mobilisons entreprises, institutions et acteurs de terrain pour que ce formidable levier soit mis au service du bien commun.

Je vous invite donc à voir le jeu d’échecs non pas comme un simple passe-temps, mais comme un outil stratégique de transformation sociale. Ensemble, faisons en sorte que chacun puisse en bénéficier, quel que soit son âge, son milieu ou son histoire.

Merci.